Monastère Putna

Une nuit sombre, alors que Daniil l'Ermite priait dans les profondeurs de sa cellule, Étienne-Vodă vint à lui. L'ermite emmena le souverain dans un lieu élevé situé à proximité, d'où il lui montra des lumières, dans la vallée, et d'où l'on entendit des chants angéliques. L'ermite dit alors au souverain qu'il devait y construire un monastère en l'honneur de la Vierge Marie. 

Le souverain écouta ses conseils et posa la première pierre du monastère le 10 juillet 1466. Les travaux ont duré trois ans.

Putna d'Étienne-Vodă avait une splendide peinture intérieure et extérieure. Le voïvode accorda au monastère des droits spéciaux. La collectivité fonctionnait comme une école informelle, où l'on enseignait le grec et le slave, la rhétorique, la logique, la musique religieuse et même l'astronomie, mais aussi la broderie, la calligraphie, l'iconographie, la sculpture sur bois et la céramique.

Lors de la « Première Célébration des Roumains de partout » en 1871, les grands intellectuels roumains y étaient présents : Ioan Slavici, Mihai Eminescu, Ciprian Porumbescu, A.D. Xenopol, Mihail Kogălniceanu, qui ont tous soutenu l'idée de l'unité culturelle des Roumains, l'idée qui a d'ailleurs précédé l'union de tous les Roumains en un seul État.

Après l'Union, la plénitude de l'âme roumaine se rassemble à Putna, à la mémoire d'Étienne le Grand, le voïvode-icône, un symbole de consolation et d'espoir du peuple. En arrivant ici, le Roi Ferdinand aux côtés de la Reine Marie, le 16 mai 1920, a déclaré : « Chilia et Cetatea Albă, à la perte desquelles votre cœur a saigné, nous appartiennent. »

Le régime communiste a imposé de sévères restrictions au monastère, mais celui-ci s'est maintenu comme le centre spirituel et culturel de la Moldavie. Encore de nos jours, il y a des événements dédiés au poète Mihai Eminescu, des conférences consacrées à l'académicienne Zoe Dumitrescu Bușulenga, – une religieuse comme la Mère Bénédicte, dont la tombe se trouve au monastère, ainsi que des colloques internationaux d'histoire qui sont organisés ici.

Vous pouvez visiter le Musée du Monastère, qui abrite un thésaurus extrêmement précieux : l'une des collections de broderie les plus précieuses en Europe du Sud-Est dans la technique byzantine, des manuscrits, de l'argenterie, des objets de culte et une réplique de l'épée de Saint Étienne le Grand, dont l'original est aujourd'hui conservé dans la salle des armes du Musée Topkapi à Istanbul, en Turquie.

---

Histoire du lieu

Il y a une multitude de légendes qui font référence à l'origine du lieu et aux événements qui ont facilité la construction du Monastère Putna.

Parmi celles-ci, la plus connue est la légende qui se concentre sur le vieil ermite Daniil l'Ermite. En se réunissant en secret avec le voïvode Étienne le Grand, celui-ci aurait convaincu le souverain d'ériger un monastère à proximité, sur la belle vallée de Putna. D'après Daniil l'Ermite, Dieu aidera le voïvode dans tout ce qu'il fera grâce à cette réalisation.

Une autre légende place la décision d'Étienne de fonder le Monastère Putna entre une bataille perdue et une bataille gagnée, et sa construction après les deux événements.

---

Caractère unique des Peintures

Selon le chroniqueur Ion Neculce, le Putna de l'époque d'Étienne présentait aussi bien des ornements spéciaux que des peintures intérieures et extérieures d'une beauté rare. Le chroniqueur a été impressionné par l'apparence du monastère, qui était doré à l'or dans son intégralité, où la peinture et les éléments dorés étaient combinés en parfaite harmonie.

Un fragment de la peinture d'origine a été encastré, à une date inconnue, au-dessus de la porte qui mène du narthex à la chambre des tombes, en constituant un modeste témoignage de l'ornement somptueux d'antan.

---

Trésors inestimables

À Putna, il y a de nombreux trésors inestimables tels que les Tetraevangelions (les évangiles canoniques des quatre évangélistes), dont le plus important est le Tetraevangelion écrit par le moine Nicodème, de la première collectivité de Putna. Au verso de la page 266, il y a le portrait le plus connu de Saint-Étienne qui a été conservé de son temps. 

À côté de celui-ci, le monastère abrite également le Tetraevangelion anonyme, mais aussi le Tetraevangelion offert par le logothète Petru Albotă. 

On peut également admirer la plus ancienne croix en bois conservée en Moldavie, mais aussi l'une des collections de broderie les plus précieuses en Europe du Sud-Est dans la technique byzantine.