Ensemble archéologique de Micia

Sur la rive gauche de la rivière Mureș, en faisant face aux gorges Dobra, l'un des plus grands camps romains auxiliaires de la province de Dacie se sont développés dans l'Antiquité, ainsi que l'ancienne localité de Micia. Le castrum romain d'ici était l'un des points de défense et de contrôle importants de la province, ayant le rôle d'empêcher l'accès des ennemis potentiels de l'ouest.

Au-delà de son rôle militaire majeur, le pagus romain de Micia était également l'une des principales douanes de l'Empire Romain. C'était un espace où on pouvait entrer et sortir de la province avec des produits de luxe, la foire où se réunissaient les commerçants, mais aussi un quartier animé avec des tavernes, des auberges et des gens en mouvement et en agitation. On suppose qu'il y avait même un port de la rivière Mureș, qui assurait la liaison avec l'intérieur et l'extérieur de la province de Dacie trajane. L'une des tâches des soldats d'ici était de surveiller aussi bien la voie de communication terrestre que celle nautique sur la rivière de Mureș, en direction de et depuis la Pannonie. 

L'importance économique de la colonie est prouvée par une série d'inscriptions qui attestent du statut de foire (pagus) de celle-ci, de l'existence de collèges professionnels, mais aussi d'une intense activité édilitaire.

À l'heure actuelle, en voici ce que l'on trouve à Micia, de manière visible, sous la forme de ruines archéologiques : le complexe de thermes romains, l'aréna de l'amphithéâtre, un bâtiment public, ainsi que les traces non divulguées du castrum.

Le castrum romain fonctionnait depuis le début du IIe siècle après J.-C., étant construit à l'origine en terre. Ayant subi une destruction majeure lors des guerres marcomanniques, qui ont eu lieu sous le règne de l'empereur Marc-Aurèle, le castrum sera reconstruit en pierre. 

Un moment important dans l'évolution de la colonie de Micia est enregistré pendant la dynastie des Sévères, lorsqu'un véritable programme de régénération urbaine a lieu, au cours duquel les principales constructions ont été restaurées et réhabilitées.

Le déclin de la colonie commence dans la seconde moitié du IIIe siècle. Cependant, la vie continue aussi après le retrait de l'administration romaine, comme en témoignent les découvertes archéologiques des IVe et VIIe siècles après J.-C.

Les inscriptions découvertes à Micia fournissent des informations précieuses sur les personnes qui vivaient ici pendant la période romaine. Parmi celles-ci, on peut également distinguer deux personnages féminins d'exception. La première est Domitia, l'une des rares femmes fondatrices de la province de Dacie, qui érige, à ses frais, un temple dédié à la déesse Isis et situé à Micia. L'autre est la protagoniste d'une belle, tragique et sensible histoire d'amour. Il s'agit d'Aelia Hygia, une jeune femme de 18 ans, ancienne esclave romaine libérée, qui est devenue l'épouse d'un personnage très important de la Dacie. Celle-ci est pleurée par son mari dans une épitaphe en vers, qui se trouve sur la pierre tombale encastrée aujourd'hui à l'intérieur de l'église réformée de Mintia. 

Le pagus romain de Micia était le lieu d'une vie économique intense, un centre de production et de distribution, un grand fabricant de matériaux de construction, mais aussi un port de la rivière Mureș, étant ainsi une porte d'entrée du « luxe » dans la province de Dacie trajane. Parmi les ateliers qui y opéraient, on peut mentionner ceux de la métallurgie, de la céramique, du traitement des os, de la gravure de pierres semi-précieuses et, enfin et surtout, les ateliers des tailleurs de pierre. 

Une partie des artefacts de Micia se trouve aujourd'hui dans les collections du Musée National d'Histoire de Roumanie, du Musée de la Civilisation Dace et Romaine de Deva, du Musée National d'Histoire de Transylvanie, mais aussi dans le patrimoine des autres musées du pays et de l'étranger.